Cérémonie à Brazzaville souligne l’unité nationale
Une mer de drapeaux tricolores a rempli l’avant-cour du Palais des Congrès de Brazzaville alors que le Président Denis Sassou N’Guesso s’adressait aux députés et sénateurs réunis en session conjointe, marquant le 67e anniversaire de la proclamation de la République du Congo le 28 novembre 1958.
Le chef de l’État a utilisé son discours sur l’état de la nation, mandaté par la constitution, pour présenter ce qu’il a appelé un « bilan équilibré » de 2025, saluant la reprise macroéconomique tout en revenant sur les événements qui ont marqué, sans la briser, la trame nationale.
Jalons historiques de 1958 à nos jours
Rappelant les premiers affrontements post-électoraux de 1959, Denis Sassou N’Guesso a retracé une chronologie incluant le soulèvement des Trois Glorieuses de 1963, l’essor et le déclin du Mouvement National de la Révolution, et la tentative de coup d’État du 22 février 1972 qui a secoué la capitale.
Il s’est attardé sur mars 1977, moment où les rivalités politiques ont culminé, décrivant cette période comme une « blessure dont la leçon reste l’humilité devant l’histoire » selon la transcription officielle distribuée par le service de presse présidentiel.
Les années 1990, marquées par la transition multipartite, ont à nouveau mis la république à l’épreuve. Pourtant, cette décennie a finalement réaffirmé l’aspiration collective au dialogue qui a donné naissance aux accords de paix et aux réformes institutionnelles ultérieurs, désormais ancrés.
Appel présidentiel pour une culture durable de la paix
« Notre peuple possède des prédispositions innées à la paix », a déclaré Denis Sassou N’Guesso aux parlementaires, réitérant une doctrine qu’il promeut depuis les années 2000 : la réconciliation commence par la « paix du cœur et la tranquillité de l’esprit », avant que les institutions ne puissent ancrer la stabilité pour les générations futures.
Il a souligné que la responsabilité civique est un exercice quotidien. Les citoyens, a-t-il dit, sont « appelés à se surpasser » en adoptant une boussole éthique ancrée dans la loi, le pluralisme et le respect mutuel, une référence implicite aux réformes de décentralisation en cours dans tous les départements du pays.
Programmes de développement fondés sur la stabilité
Associant la paix à la prospérité, le président a revisité les plateformes politiques successives – de La Nouvelle Espérance à Ensemble Poursuivons la Marche – qui priorisent les infrastructures, la diversification industrielle et l’inclusion numérique. Chacune, a-t-il argumenté, dépend de « conditions de sécurité prévisibles » pour attirer les investisseurs et soutenir les programmes sociaux en milieu urbain et rural.
Les données du ministère des Finances présentées au parlement montrent une reprise de la croissance hors pétrole à 4,3 % en 2025, portée par les corridors agricoles, l’expansion de la fibre optique et le regain du trafic portuaire à Pointe-Noire, des tendances que l’exécutif attribue à un climat de confiance amélioré parmi les partenaires commerciaux régionaux.
Les législateurs de tous bords politiques ont applaudi les engagements à accélérer la Zone Économique Spéciale d’Oyo et à finaliser le plan national de réhabilitation ferroviaire, des projets censés générer de l’emploi pour les jeunes tout en renforçant le rôle du Congo en tant que porte d’entrée logistique pour les marchés d’Afrique centrale dans les cinq prochaines années.
La jeune génération exhortée à préserver les acquis
S’adressant aux étudiants de l’Université Marien Ngouabi assis à la tribune, Denis Sassou N’Guesso a insisté sur le fait que « l’avenir ne pardonnera pas la médiocrité ». Il les a encouragés à embrasser la formation technique alignée sur le Plan d’Accélération de l’Industrialisation du gouvernement, promettant une expansion des bourses et des pôles d’innovation à Brazzaville et dans les campus de l’intérieur du pays.
Le discours a placé le devoir civique au-dessus des rivalités politiques, faisant écho aux appels de groupes religieux pour de nouveaux dialogues communautaires afin de consolider la réconciliation.
Le récit présidentiel s’aligne sur l’initiative de l’Union Africaine « Faire taire les armes », notant que l’expérience du Congo pourrait éclairer les pays pairs naviguant dans la reconstruction post-conflit, à condition que les réformes institutionnelles continuent d’élargir la participation et garantissent l’indépendance judiciaire.
Les missions diplomatiques à Brazzaville ont salué le ton. La délégation de l’Union européenne a souligné « un environnement encourageant pour les projets de partenariat », tandis que l’ambassadeur de Chine a salué la « continuité politique », un terme fréquemment associé aux négociations en cours sur le financement de la Zone Économique Spéciale.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens ont partagé des photographies d’enfants défilant avec des rubans tricolores, les présentant comme la preuve que, malgré les pressions économiques, les dividendes de la paix sont visibles dans la vie quotidienne, en particulier en dehors des districts précédemment touchés par les conflits à Brazzaville.
La paix et les initiatives de réconciliation créent un cadre propice au progrès. La stabilité est essentielle pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et prévenir les frustrations, permettant ainsi une croissance économique inclusive.
Denis Sassou N’Guesso a conclu en invitant les professionnels de la diaspora à « investir leurs compétences et leur capital au pays », signalant des amendements à venir à la Charte des Investissements destinés à simplifier l’enregistrement des entreprises soutenues par les transferts de fonds, une mesure censée renforcer les petites et moyennes entreprises dans l’arrière-pays et les zones de commerce frontalier.
Alors que les feux d’artifice illuminaient le ciel nocturne au-dessus de la Corniche, l’anniversaire s’est clos non pas sur un triomphalisme mais sur un appel à la vigilance. Le message a résonné : la résilience forgée à travers les épreuves passées exige désormais une gestion collective pour garantir que la septième décennie de la république reste une décennie de paix.