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jeudi, octobre 23, 2025

Voile obligatoire dans les transports – Les Maliennes pourront-elles désobéir aux jihadistes?

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Alors qu’un embargo sur les importations de carburant au Mali est en place depuis un mois et demi avec des attaques quasi quotidiennes provoquant une grave pénurie d’essence dans le pays, le Jnim, lié à al-Qaïda, a édicté des exigences destinées aux voyageurs, vendredi 17 octobre. Les jihadistes veulent notamment imposer aux femmes le port du voile dans les transports, une annonce qui suscite diverses réactions parmi la population.

Les jihadistes franchissent un nouveau palier dans les exigences qu’ils comptent imposer aux populations maliennes. Les compagnies d’autocar sont sommées par le Jnim de faire respecter la nouvelle règle : désormais, les femmes qui circuleront sur les routes du Mali devront porter le voile. « Non, les djihadistes ne peuvent pas me faire changer, affirme avec force une habitante de Bamako. Ils ne peuvent pas changer mes habitudes ! ».

« Dieu est plus grand que les jihadistes »

Vendeuse de vêtements, elle voyage fréquemment pour son commerce. Elle explique être croyante mais ne porte le voile que pour la prière, jamais à l’extérieur. Et les nouvelles règles édictées par le Jnim ne l’intimident apparemment pas. « Si l’armée nous avait réellement protégés, est-ce que nous serions dans cette situation ?, interroge-t-elle. Mais je n’ai pas peur : Dieu est plus grand que les jihadistes. Je n’ai pas peur et je ne porterai pas le voile. »

« Dans l’obligation de le faire »

Pourtant, le risque est grand. Comme beaucoup d’autres, ce chef de famille estime pour sa part ne pas avoir vraiment le choix. « J’ai très peur, confie-t-il. S’ils nous disent qu’il faut faire cela, nous sommes dans l’obligation de le faire. »

Et si demain cet homme devait voyager avec sa femme, il ne se poserait pas vraiment la question : « Je serais dans l’obligation de lui dire de mettre le voile. Le gouvernement n’a pas les moyens de nous protéger, déplore-t-il. Et s’il ne peut pas nous protéger, je suis dans l’obligation d’accepter les exigences des terroristes et de demander à ma femme de s’habiller avec ça. » Et de conclure avec colère, tristesse et résignation : « Je n’aime pas ça, mais nous n’avons pas le choix. Parce que si je ne le fais pas, je mets sa vie en danger ».

Des centaines de villages

Des centaines de villages, notamment dans le centre du Mali, vivent déjà sous le joug du Jnim. Parce que l’armée malienne n’a pas les moyens de les sécuriser, et afin de pouvoir cultiver leurs champs ou faire paître leurs animaux sans subir d’attaques, ces villages se sont résignés ces dernières années à conclure des accords locaux avec les jihadistes. Les habitants sont, dès lors, contraints de se soumettre aux règles du Jnim : port du voile pour les femmes, pantalon court pour les hommes, suppression de l’école publique, imposition de certaines pratiques religieuses – manière de prier par exemple…

En ce qui concerne les nouvelles règles annoncées vendredi 17 octobre par le Jnim pour les routes maliennes, outre le port du voile pour les femmes, celui-ci exige des compagnies de transports qu’elles cessent toute collaboration avec les forces de sécurité. Enfin, en cas d’accident, celui qui aura écrasé un animal ou endommagé un véhicule devra dédommager la victime.

Depuis cette annonce, ni l’armée, ni les autorités politiques de la transition malienne n’ont commenté ces nouvelles règles que le Jnim entend imposer sur les routes du pays.

Les routiers maliens se mettent en grève. Dans une déclaration vidéo diffusée dans la soirée de ce dimanche 19 octobre, le Syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali annonce entrer immédiatement en grève illimitée. Selon ses représentants, cette grève est instaurée à la suite de propos d’un membre du Conseil national de la transition qui a

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