25.3 C
Congo-Brazzaville
jeudi, octobre 23, 2025

« Je me suis demandé si je partais avec 10 m de retard ou eux avec 10 m d’avance » : l’épreuve des longues études pour les jeunes de quartiers prioritaires

Must read

Ahouefa Fagbemi

Ahouefa Fagbemi n’a jamais eu besoin que sa mère lui fasse la leçon sur l’importance de l’école, elle a toujours été bonne élève. « J’ai vite compris que je n’avais pas le choix, que c’était la seule façon de sortir de là. » Là, c’était le logement insalubre à Goussainville (Val-d’Oise) que sa mère, arrivée du Bénin quand Ahouefa avait 7 ans, avait réussi à obtenir avec ses heures de ménage. La jeune femme y a passé l’essentiel de ses années de collège et de lycée. Presque vingt ans plus tard, elle habite toujours dans le Val-d’Oise, à Cergy, mais elle est diplômée d’un master de politiques publiques de Sciences Po et prépare les concours de la haute fonction publique. « J’ai bien conscience d’être une exception », précise-t-elle.

Les chiffres lui donnent raison. Selon une étude réalisée en 2020, 13 % des jeunes ayant grandi dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), des zones où se concentre particulièrement la pauvreté, sont titulaires d’un bac + 5, contre 27 % parmi les jeunes urbains hors QPV. Lors de la précédente enquête, en 2013, c’était 7 % pour les premiers, 23 % pour les seconds. « Il y a des évolutions positives, mais les écarts restent très importants », soulignent les experts.

À l’origine sociale – 60 % des jeunes des QPV sont issus de foyers défavorisés – s’ajoutent des facteurs spécifiques à ces territoires avec des lycées défavorisés, des problèmes d’orientation et un phénomène d’autocensure qui transforment le chemin vers un diplôme du supérieur en parcours du combattant.

More articles

Latest article