Campagne de dépistage du diabète à Brazzaville
À l’approche de la Journée mondiale du diabète du 14 novembre, le Lions Club Brazzaville Lisalisi s’est associé à Diabaction cette semaine pour ouvrir un poste de dépistage gratuit au sein de la Direction générale du Budget. Le site, à quelques pas du centre administratif de la ville, a transformé un couloir en clinique éphémère avant les heures de bureau.
Des infirmières ont effectué des piqûres au doigt, lu les bandelettes de glucose et enregistré les résultats lors d’échanges d’une minute, épargnant ainsi aux fonctionnaires de longues files d’attente. Chaque participant est reparti avec une carte personnelle indiquant la glycémie capillaire, la tension artérielle, la taille et le poids — un instantané de santé que beaucoup ont avoué n’avoir jamais reçu auparavant.
Les organisateurs ont choisi le thème « Diabète et bien-être au travail » pour souligner que cette maladie chronique coûte de la productivité aux employeurs et de la qualité de vie aux employés. « Nous voulions rencontrer les gens là où ils passent la majeure partie de leurs heures d’éveil », a déclaré la présidente de la section Lisalisi du Lions Club.
Pourquoi le bien-être au travail est important
Les chiffres de la Fédération Internationale du Diabète montrent que l’Afrique subsaharienne verra le nombre de cas presque doubler d’ici 2045, et les autorités congolaises indiquent que les modes de vie urbains alimentent cette tendance. Pourtant, le dépistage systématique reste rare. En intervenant dans les bureaux, les partenaires espèrent détecter le prédiabète avant qu’il n’endommage silencieusement la vue, les reins et les artères.
Un médecin de Diabaction a comparé l’initiative à un détecteur de fumée. « Les symptômes apparaissent souvent tard. Un simple test aujourd’hui prévient les urgences de demain », a-t-il expliqué, citant les références de l’OMS qui considèrent une glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l comme diagnostique du diabète.
Les employés de la fonction publique, souvent sédentaires, représentent un microcosme de la classe moyenne croissante de Brazzaville. Les encourager à surveiller leur tour de taille et à programmer des séances d’exercice pourrait avoir un effet d’entraînement, selon les promoteurs, car ces fonctionnaires influencent les budgets, les habitudes familiales et le discours communautaire.
Coordination des soins et des données
Toutes les lectures alimentent un registre anonymisé géré par Diabaction Congo. L’ensemble de données sera partagé avec le ministère de la Santé, le bureau pays de l’Organisation mondiale de la santé et la Fédération Internationale du Diabète pour affiner les directives de prévention, selon une déclaration commune publiée sur place.
Si la glycémie d’un participant dépasse 1,26 g/l, le personnel programme un test de confirmation à la Maison Bleue du Diabète de Diabaction ou au centre Diabc@re, qui proposent tous deux des consultations gratuites et des trousses de démarrage de médicaments. Ces structures, créées avec un soutien public-privé, suivent déjà plus de 4 000 patients à Brazzaville.
Une économiste de la santé a déclaré que des chiffres fiables renforcent la planification budgétaire. « Les fonds d’assurance et les programmes gouvernementaux ont besoin de données de prévalence avant d’acheter de l’insuline et des glucomètres à grande échelle. Des événements comme cette campagne fournissent ces preuves manquantes tout en dispensant des soins sur place », a-t-elle indiqué.
Perspectives des organisateurs et des experts
La présidente du Lions Club a fixé un objectif de 1 500 dépistages rien qu’à la Direction du Budget. « Chaque cas positif recevra des médicaments initiaux gratuitement pour que le coût ne soit jamais un obstacle au traitement », a-t-elle souligné, notant le soutien financier de Lions Clubs International et de petites subventions acheminées par des pharmacies locales.
Un responsable des achats de 42 ans a découvert une lecture de 1,18 g/l, classée comme prédiabète. « Je travaille derrière un écran toute la journée et je grignote des beignets », a-t-il admis. « Maintenant, je vais réduire le sucre dans mon café et marcher pendant le déjeuner. » De tels témoignages, selon les organisateurs, valident l’approche en milieu professionnel.
Une endocrinologue, non affiliée à la campagne, a salué le modèle. « Le dépistage communautaire gratuit sous supervision professionnelle évite l’écueil des glucomètres non étalonnés vendus de manière informelle », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté qu’un conseil précoce réduit la demande future de dialyse coûteuse qui pèse sur les hôpitaux.
Étendre l’initiative à l’échelle nationale
Après la Direction du Budget, les équipes prévoient de s’installer dans de grandes églises, où la fréquentation dominicale promet une large couverture parmi tous les groupes d’âge et de revenus. Des discussions sont en cours avec des paroisses de Talangaï et de Pointe-Noire pour accueillir la prochaine série avant la fin de l’année.
Les organisateurs mènent également des discussions avec le ministère de la Fonction publique pour intégrer des contrôles annuels de la glycémie dans les certifications médicales de routine des fonctionnaires. Une clause pilote est en cours de rédaction, selon un conseiller principal du ministère.
Des entreprises privées ont manifesté leur intérêt. L’opérateur de télécommunications Airtel Congo a confirmé qu’il pourrait inviter des bénévoles du Lions Club lors d’une prochaine semaine de la santé des employés. De telles collaborations refléteraient les campagnes de vaccination réussies menées avec des partenaires corporatifs pendant la pandémie.
Bien que la campagne reste privée, son alignement sur les objectifs nationaux de santé a reçu un encouragement discret de la part des autorités. Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré que le programme « complète les efforts en cours pour renforcer le contrôle des maladies non transmissibles dans le cadre du Plan national de développement ». Les observateurs internationaux considèrent cette synergie comme un modèle pour les pairs régionaux.
D’ici la fin de la Journée mondiale du diabète, les organisateurs s’attendent à avoir testé au moins 3 000 personnes sur plusieurs sites. Les premiers chiffres de la Direction du Budget seront publiés sous forme agrégée, permettant aux décideurs d’évaluer la prévalence sans violer la confidentialité. Les parties prenantes espèrent que ces données débloqueront des financements supplémentaires pour les kits de diagnostic.