31.4 C
Congo-Brazzaville
vendredi, décembre 19, 2025

Brazzaville Moves to Protect Tsiémé Cemetery Legacy

Must read

Un geste mémoriel renouvelle l’engagement

Devant des pierres tombales fanées bordées de manguiers, le ministre de l’Enseignement technique et professionnel a déposé une gerbe au cimetière historique de Tsiémé à Brazzaville, portant l’hommage annuel du gouvernement aux ancêtres dont le lieu de repos est devenu un emblème de l’étalement urbain.

Sa mission, déléguée par le cabinet, était simple mais symbolique : assurer les défunts que la République se souvient, tout en signalant une nouvelle impulsion pour restaurer l’ordre autour d’un cimetière de plus en plus empiété par des habitations informelles.

« Nous pensons à ceux qui nous ont précédés et les honorons comme s’ils étaient encore parmi nous », a déclaré le ministre, ajoutant que les défunts accueilleraient favorablement ce geste de souvenir accompli au nom de l’administration du Président Denis Sassou Nguesso.

Les préoccupations de profanation stimulent l’action

La gerbe reposait à quelques mètres de murs de briques de fortune érigés par des résidents voisins. Depuis plus d’une décennie, les conseils municipaux successifs ont débattu des moyens de freiner la construction qui s’est approchée du bord du cimetière malgré les règles d’urbanisme datant des années 1980.

Des activistes de la plateforme de la société civile Observatoire Citoyen du Patrimoine Funéraire signalent que des actes de vandalisme ont eu lieu. Les enquêtes de police devraient désormais conduire à des poursuites, un schéma que les autorités s’engagent à changer.

Des patrouilles seront intensifiées ce trimestre, soulignant que « les familles doivent se sentir en sécurité lorsqu’elles viennent se recueillir ». Ces commentaires font écho à une circulaire du ministère de l’Intérieur publiée en mars renforçant les sanctions pour sacrilège dans les lieux de sépulture.

Le gouvernement et la ville élaborent un plan de protection

Les autorités municipales cartographient le cimetière avec des drones fournis par l’agence nationale de géospatiale. L’enquête, dont l’achèvement est prévu en juillet, alimentera une base de données cadastrale conçue pour clarifier les limites des parcelles et détecter les extensions illégales.

Une fois la cartographie validée, la commune prévoit d’ériger une clôture périmétrique de trois kilomètres combinant maçonnerie et grillage transparent, financée par une enveloppe conjointe du programme national de modernisation urbaine et d’un prêt approuvé l’année dernière par la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale.

Les ingénieurs de la ville estiment que la barrière coûtera environ 1,2 milliard de francs CFA. La commission des finances du Parlement a exprimé son soutien, notant que le projet s’aligne sur le Plan d’Action Culture et Patrimoine 2022-2026 du pays.

Des partenariats public-privé sont également explorés ; une entreprise de télécommunications a exprimé son intérêt à parrainer des lampes de sécurité à énergie solaire le long des allées principales du cimetière, une contribution considérée comme relevant de la responsabilité sociale des entreprises.

Les voix de la communauté réclament le respect

Au-delà des infrastructures, les chefs traditionnels du district de Makélékélé préconisent une relance de la sensibilisation. Un ancien suggère d’intégrer la culture funéraire dans les programmes scolaires locaux.

Les communautés religieuses ont proposé d’aider en organisant des journées de nettoyage mensuelles, une initiative vue comme « un pont entre la ville vivante et son histoire silencieuse ». Le diocèse mobilise déjà des bénévoles à Pâques pour repeindre les croix et enlever les déchets plastiques.

La croissance urbaine sollicite l’espace sacré

Les experts en urbanisation soulignent que la population de Brazzaville a doublé depuis 1990, exerçant une pression sur les cimetières situés à l’intérieur du périphérique. Le site de Tsiémé, inauguré en 1947 en périphérie, se trouve maintenant flanqué d’ateliers, de salles de classe et de logements locatifs non réglementés.

Une sociologue avertit que la pression persistera à moins que des terrains de sépulture alternatifs ne soient développés dans les districts périphériques. Elle recommande de coupler la mise en application des règles avec des transports suburbains abordables pour que les familles acceptent de nouveaux cimetières.

Le ministère des Affaires foncières confirme que deux sites en terrain non aménagé ont été identifiés au-delà de la rivière Tsiémé. Des études de faisabilité examinent la stabilité du sol et les routes d’accès, mais les responsables insistent sur le fait que les nécropoles existantes resteront des monuments protégés.

Vers un avenir digne

Pour l’instant, l’hommage floral du ministre a ravivé le débat dans les cafés de Brazzaville et sur les réseaux sociaux, où des photos de pierres tombales fissurées circulent aux côtés d’appels à la responsabilité civique. Les commentateurs saluent largement la démarche, la considérant comme une preuve que la sauvegarde de la mémoire collective prend de l’importance dans l’agenda public.

Les mesures concrètes seront suivies de près dans les mois à venir. Si la clôture prévue se dresse comme prévu et que les patrouilles nocturnes dissuadent les actes répréhensibles, le cimetière de Tsiémé pourrait passer du statut de mise en garde à celui de modèle, montrant comment la capitale peut concilier croissance rapide et respect pour ceux qui l’ont construite.

More articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Latest article