Brazzaville se prépare pour des pourparlers de haut niveau en Afrique centrale
La capitale congolaise accueillera des délégations des six pays de la CEMAC entre le 27 et le 31 octobre pour des réunions consécutives du Comité interétatique et de la 44e session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union des États d’Afrique centrale (UEAC).
Les hôtels près du boulevard du front de mer ont signalé des réservations complètes tandis que les techniciens installent des cabines d’interprétation au ministère des affaires étrangères, le lieu choisi pour son enceinte sécurisée et ses liaisons fibre améliorées.
Le modèle budget-programme à l’ordre du jour
Le thème du sommet, « Vers la mise en œuvre du budget-programme pour promouvoir la gouvernance communautaire », marque un passage des finances publiques basées sur les intrants vers des contrats de performance destinés à renforcer le contrôle des dépenses et à améliorer la prestation de services.
Selon ce modèle, chaque ministère définira des résultats mesurables – kilomètres de route réparés, postes de santé approvisionnés, gains de scolarisation – et rendra compte trimestriellement, permettant un examen par les pairs dans toute la région.
Tirer les leçons des résolutions de Bangui
Lors de la 43e session à Bangui en septembre dernier, les ministres ont approuvé un modèle commun pour mesurer les dépenses fiscales, créé un groupe de travail régional sur la mobilisation des recettes intérieures et adopté des sanctions pour les États qui ne respectent pas les références de surveillance multilatérale.
La réunion de Brazzaville examinera les premières données de conformité et pourrait recommander des calendriers pour intégrer ces outils dans les lois de finances nationales pour 2026.
La mobilisation des ressources reste un objectif pressant
Le ratio moyen impôt/PIB de la CEMAC se situe en dessous de 12%, loin de l’objectif de 20% fixé par l’Union africaine. Avec la volatilité des prix de l’énergie, les ministres devraient discuter de l’élargissement de l’assiette fiscale non pétrolière grâce à des plateformes douanières numériques et à la réduction progressive des exonérations coûteuses accordées aux investisseurs stratégiques.
« Nous devons d’abord compter sur nos propres ressources pour financer le développement », a déclaré le ministre congolais de l’économie, soulignant que les recettes intérieures offrent une marge de manœuvre politique sans alourdir la dette souveraine.
Transparence et discipline sous les projecteurs
Les observateurs de la société civile saluent l’accent mis sur la responsabilité. La budgétisation par performance ne fonctionne que si les résultats sont publiés. « Les citoyens devraient voir les tableaux de bord des ministères en ligne ; cela renforcera la confiance », a-t-elle déclaré.
Le secrétariat de l’UEAC a testé un portail de données ouvert présentant des tableaux fiscaux consolidés, et les délégués évalueront son extension aux marchés publics.
Le secteur privé suit les débats de près
Un propriétaire d’entreprise d’import-export espère que des codes douaniers harmonisés émergeront du sommet. « Les camions attendent des heures aux frontières parce que les procédures diffèrent. Un seul manifeste électronique réduirait les coûts », a-t-il argumenté. Des règles cohérentes, a-t-il dit, attireraient de nouveaux investissements logistiques dans le corridor reliant le Cameroun et le Congo.
La Chambre de commerce de Brazzaville prévoit un événement parallèle où les entrepreneurs pourront interroger les responsables financiers sur les réformes tarifaires et les mécanismes de résolution des différends introduits par la cour de justice régionale.