Action civique à Makélékélé
Un petit podium en bois à l’école primaire Massamba-Débat est devenu un forum civique improvisé le 2 novembre, lorsqu’une bannière portant l’inscription « Ta carte est un droit » a été déployée. Le lancement officiel d’une campagne de quartier pour les cartes nationales d’identité a eu lieu.
L’initiative se concentre sur la troisième circonscription électorale de Makélékélé, notamment les quartiers densément peuplés de Diata et Château d’Eau. Les organisateurs se sont fixé un objectif ambitieux : convaincre au moins 1 500 résidents de terminer les procédures d’enregistrement avant la fin du mois, renforçant ainsi leur accès aux documents civils.
« Chaque Congolais a droit à ce morceau de plastique », a-t-on déclaré à la foule. Plus de la moitié du quota a été atteint lors du démarchage préliminaire, grâce à des volontaires qui ont parcouru chaque ruelle avec des porte-clipboards, des dépliants et des explications soigneusement répétées.
À l’intérieur de l’effort de porte-à-porte
Des équipes de deux personnes commencent avant le lever du soleil, cartographiant les pâtés de maisons pour éviter les doublons. À chaque porte, elles demandent les chefs de ménage, montrent un échantillon de carte d’identité et listent les documents requis : acte de naissance ou duplicata, plus une photographie récente.
Les voisins partagent souvent la même préoccupation : le trajet vers le poste de police. Pour réduire cette charge, des trajets en taxi groupés sont organisés, financés par de petits dons privés, et des départs groupés sont programmés chaque après-midi depuis la cour de l’école.
L’association compte également sur des influenceurs locaux : des entraîneurs de football, des vendeurs du marché et des chorales paroissiales relaient le message pendant les entraînements, les étals et la messe du dimanche. « Le bouche-à-oreille se répand plus vite que les tracts », a-t-on fait remarquer.
Enregistrement gratuit au poste de police local
L’enregistrement lui-même a lieu dans les modestes locaux en brique du poste de police de Diata, où les officiers installent un bureau et une caméra supplémentaires pour l’opération. Le ministère de l’Intérieur a supprimé les frais, un geste apprécié par les résidents qui citaient auparavant le coût comme le principal frein.
Le processus dure dix minutes lorsque les papiers sont complets. « Nous vérifions l’acte de naissance, capturons les empreintes digitales et délivrons un reçu », a-t-on expliqué, ajoutant que les cartes physiques sont produites à Brazzaville et généralement livrées dans les deux semaines.
Les groupes civiques ont contribué à fluidifier les relations entre les citoyens et la police. « Certains avaient peur d’entrer dans le poste », a-t-on reconnu. En accompagnant les nouveaux venus, les volontaires ont aidé à dissiper la méfiance et à accélérer le débit, maintenant des moyennes quotidiennes supérieures à soixante-dix demandeurs depuis le lancement, selon le registre du poste.
La carte d’identité, clé du scrutin de 2026
Bien que les élections nationales soient encore à près de trois ans, une préparation précoce permet d’éviter les embouteillages de dernière minute. On se souvient des élections présidentielles de 2021, où les files d’attente devant les centres d’identité s’étiraient sur des centaines de mètres. « Obtenir le document maintenant garantit la voix de chacun pour 2026 », a-t-on insisté.
Les observateurs indiquent que cette dynamique soutient les travaux du gouvernement pour mettre à jour les bases de données de l’état civil, un pilier du programme de gouvernance numérique esquissé dans les récents communiqués du cabinet. Des données plus propres devraient alimenter les listes électorales et aider à réduire les futurs litiges concernant les noms en double ou manquants.
L’opération de Makélékélé est considérée comme un laboratoire local. « La participation augmente lorsque les formalités administratives sont réglées et que les ONG comblent les lacunes », a-t-on noté, ajoutant que seuls un financement soutenu et un message constant détermineront si l’élan atteint les districts en dehors de Brazzaville.
Voix des rues de Diata
Léonne Mpoui, 19 ans, a agité son reçu d’enregistrement comme un ticket de bus. Elle avait reporté la procédure après avoir terminé ses études secondaires, intimidée par les formalités administratives. « Maintenant, c’était gratuit et près de chez moi », a-t-elle déclaré, prédisant que toute sa classe d’anciens élèves suivrait.
Le marchand de 62 ans, Gustave Ndala, a présenté la carte comme plus qu’un simple justificatif d’électeur. « Les banques la demandent, les autorités de transport aussi. Sans elle, vous êtes un demi-citoyen », a-t-il remarqué en réapprovisionnant ses tomates. Il prévoit d’accompagner ses apprentis au bureau le dimanche.
À la lisière de Château d’Eau, la couturière Clarisse Ngoyi s’inquiète de l’exigence de photo. Un photographe mobile demande 2 000 francs CFA qu’elle ne peut pas épargner cette semaine. Le personnel bénévole a promis d’organiser une séance photo gratuite, soulignant comment les détails logistiques peuvent ralentir des procédures apparemment simples.
Un optimisme mesuré pour un déploiement plus large
Une évaluation de l’impact sera faite après trente jours, en utilisant des indicateurs tels que les livraisons réussies de cartes et les retards signalés. Si le financement le permet, le modèle pourrait être dupliqué dans le district de Kouilou à Pointe-Noire, où les communautés de pêcheurs sont confrontées à des lacunes similaires en matière de documentation.
Pour l’instant, l’association bénéficie du soutien tacite des autorités locales. Un conseiller municipal présent au lancement a salué la neutralité du message. « Obtenir des papiers d’identité n’est pas partisan, c’est patriotique », a-t-il déclaré, invitant d’autres groupes civils à emboîter le pas.
De retour à Massamba-Débat, la bannière reste scotchée à un tableau noir, flottant à chaque fois que les élèves se précipitent pour la récréation. Son slogan résonne au-dessus du vacarme : un rappel que pour les résidents de Makélékélé, le chemin vers 2026 ne commence pas à l’urne mais par la documentation.