
En dépit des efforts notables de la police et de la gendarmerie pour enrayer la montée du banditisme, la Justice congolaise, le couteau sous la gorge, apparaît comme le maillon faible du dispositif sécuritaire. Évasions, remises en liberté inexpliquées, prisons saturées : on plonge au cœur d’un système qui alimente malgré lui la spirale de la criminalité. Que deviendront les Kulunas et les Bébés noirs entassés dans les commissariats ? Serpent qui se mord la queue, une fois libérés ces jeunes brigands récidivent. « Dans la queue du serpent, le venin » (si on ose dire)
Couteau entre les dents, la police est au front, mais la justice est absente. Dans ce cas, la délinquance semble du « bon côté du manche ». Les tueurs à l’arme blanche font la Loi, la loi du plus fou. Depuis plusieurs mois, les forces de sécurité du Congo-Brazzaville, au bord du ravin, redoublent d’efforts face à la recrudescence de la terreur des « Bébés noirs » et des « Kulunas » : en vain.
Sous l’impulsion du nouveau commandement de la police nationale, installé en juillet 2024, des opérations d’envergure ont permis l’arrestation de plus de 3 000 suspects, dont 500 membres de gangs présumés rien qu’à Brazzaville, ville où l’oisiveté, le chômage, font des coupes sombres dans le civisme de la jeunesse.
Mais ces succès aussi spectaculaires qu’illusoires sont aussitôt contrecarrés par un autre acteur censé garantir la sécurité publique : la Justice.
Des criminels arrêtés, puis relâchés « Nous arrêtons les délinquants, mais ils reviennent dans la rue avant même que nos rapports ne soient classés », confie un officier de police, amer. L’herbe coupée repousse. La morale est blessée du fait de cet éternel recommencement.
Ce constat est largement partagé dans les rangs des forces de l’ordre, où la frustration grandit face à ce qu’ils qualifient de « sabotage institutionnel ».
Le sang de la population ne fait qu’un tour quand un flagrant-délit est constaté. Alors elle fait justice elle même par le système du barbecue ou du collier. (Brûler vif à l’essence)
En revanche (les faits parlent d’eux-mêmes) des dizaines de criminels arrêtés par la police en flagrant-délit sont relâchés quelques jours plus tard, souvent sans jugement.
Le 12 octobre dernier, six détenus se sont évadés du commissariat de Bacongo. En cause : la saturation des maisons d’arrêt, obligeant la police à garder des prévenus dans des cellules non adaptées. Pôvre police !
Un phénomène désormais systémique, que la Justice peine — ou refuse — d’assumer
L’affaire « 50 Cents » : symbole d’un système à la dérive. Parmi les nombreux cas révélateurs de cette dérive, celui de Kouene Bissombolo Huberche, alias 50 Cents, reste emblématique.
Évadé de la prison de Madingou, il a refait surface à Brazzaville, impliqué