Le sommet de l’ONUDI à Riyad rassemble des investisseurs mondiaux
Riyad accueille cette semaine la 21e Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, un forum de haut niveau rassemblant les États membres, les financiers et les agences de développement pour examiner comment le capital et les partenariats peuvent accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable dans les économies émergentes au cours de cinq jours de délibérations intensives.
Parmi les délégations, le Congo-Brazzaville est représenté par le ministre du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé, porteur d’un mandat présidentiel pour positionner l’agenda industriel du pays au cœur des conversations et conclure des accords concrets avec les responsables de l’ONUDI à Riyad cette semaine.
La vision industrielle du Congo sous les projecteurs
La bannière de la conférence, « Le pouvoir de l’investissement et des partenariats pour accélérer les ODD », s’aligne avec l’orientation politique actuelle de Brazzaville, qui cible la valeur ajoutée dans l’agro-industrie, le bois et les corridors énergétiques plutôt que la dépendance aux exportations de matières premières, soulignant un changement délibéré vers une industrialisation inclusive et riche en emplois pour les jeunes Congolais.
Lors des panels d’experts, le ministre doit présenter les projets prioritaires, notamment les parcs industriels en construction à l’extérieur de Brazzaville et de Pointe-Noire, une fenêtre de financement pour les PME soutenue par des partenaires multilatéraux, et un programme de mise à niveau des compétences professionnelles afin que les usines puissent bénéficier d’une main-d’œuvre locale compétitive et formée au numérique.
Accords juridiques pour approfondir le partenariat avec l’ONUDI
Les conversations en marge de la conférence se concentreront sur la finalisation de deux instruments juridiques : un programme-cadre pour le développement industriel inclusif et un accord de projet spécifique débloquant une assistance technique pour les infrastructures de qualité, les normes et les services de certification essentiels aux exportateurs cherchant à accéder à des marchés régionaux et mondiaux plus exigeants.
La formalisation de ces textes donnera au Congo un accès préférentiel au pool d’ingénieurs et de spécialistes politiques de l’ONUDI, raccourcissant le temps nécessaire pour concevoir des usines, rédiger des garanties environnementales et mobiliser des financements alignés sur le climat à des taux que les prêteurs nationaux offrent rarement aux fabricants émergents à l’échelle nationale dans les années à venir.
Les hôtes saoudiens de l’ONUDI ont invité des fonds souverains et des investisseurs à impact à des sessions de mise en relation à huis clos où les responsables congolais présenteront des initiatives allant des zones économiques spéciales près du port de Pointe-Noire aux clusters de transformation agroalimentaire à Sangha, visant à transformer l’élan de la conférence en engagements de financement dans les prochains trimestres.
Les avantages concurrentiels attirent de nouveaux capitaux
Des indicateurs macroéconomiques récents donnent du poids à l’argumentaire. Le ministère de l’Économie rapporte que la croissance hors pétrole a rebondi au-dessus de quatre pour cent cette année, portée par les matériaux de construction, les industries alimentaires et les services numériques, signalant qu’une demande latente de biens intermédiaires pourrait soutenir les usines nationales une fois le capital sécurisé localement.
D’abondantes ressources hydroélectriques et gazières signifient que les tarifs d’électricité pour les utilisateurs industriels sont déjà parmi les plus compétitifs d’Afrique centrale, un avantage comparatif que le gouvernement entend préserver tout en intégrant progressivement des capacités renouvelables et des interconnexions transfrontalières soutenues par les banques de développement au cours de la prochaine décennie.
Les dirigeants du secteur privé se félicitent de la stratégie. Ils notent que les laboratoires de certification de l’ONUDI pourraient aider les produits congolais à se qualifier pour la Zone de libre-échange continentale africaine, un marché décrit comme à la fois vaste et très compétitif.
Des estimations indiquent que si les programmes annoncés sont mis en œuvre, jusqu’à 40 000 emplois directs pourraient émerger sur cinq ans, principalement pour les jeunes, atténuant la pression sur les salaires publics et renforçant la stabilité sociale.
Ondes régionales : réalignement industriel de la CEMAC
Les observateurs régionaux soulignent la dimension plus large de la CEMAC. La poussée du Congo s’aligne sur les efforts du Cameroun et du Gabon pour se diversifier au-delà des hydrocarbures, suggérant que le bloc pourrait collectivement négocier de meilleures conditions de transfert de technologie avec des partenaires comme l’Arabie saoudite tout en développant des chaînes d’approvisionnement qui s’étendent bientôt aux corridors fluviaux, ferroviaires et numériques.
Il a été souligné à plusieurs reprises que l’industrialisation est le fondement de la souveraineté nationale, une ligne que le ministre devrait reprendre à Riyad en insistant sur le fait qu’une base productive plus forte améliorera les recettes fiscales, réduira la dépendance aux importations et créera des marchés pour la communauté croissante de start-ups technologiques du pays.
De Riyad aux résultats sur le terrain
Des diplomates expérimentés notent que des déclarations précédentes lors de conférences mondiales ont parfois stagné une fois les délégations rentrées chez elles. En sécurisant des textes juridiquement contraignants et en identifiant des fenêtres de financement avant la cérémonie de clôture, Brazzaville vise à inverser cette tendance et à présenter des résultats tangibles au parlement et au public dans les mois à venir.
Le ton à Riyad est pragmatique. Les équipes ministérielles disposent de fiches de projet détaillées, de coûts et de calendriers de mise en œuvre, signalant que le Congo aborde la plateforme de l’ONUDI non pas comme un lieu de discussion mais comme un marché où des propositions crédibles, soutenues par l’autorité présidentielle, peuvent débloquer les partenariats promis aux investisseurs du monde entier.
Si les accords sont signés selon le calendrier prévu, la construction de nouvelles usines pourrait commencer dès 2024, donnant une forme tangible aux slogans sur la diversification de l’économie. Pour l’instant, les projecteurs restent braqués sur Riyad, où la délégation congolaise recherche des alliés, des investisseurs et des talents techniques en quête d’un avenir industriel moderne pour le pays.