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lundi, décembre 15, 2025

Denis Sassou-N’Guesso: L’homme de la continuité et du dialogue panafricain

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Au-delà des fonctions officielles et des mandats présidentiels, Denis Sassou-N’Guesso incarne, pour de nombreux observateurs et acteurs politiques africains, une figure cardinale du dialogue continental et de la diplomatie de la stabilité. Son parcours, rythmé par les grandes mutations du Congo et de l’Afrique depuis les indépendances, en fait moins un simple chef d’État qu’un « sage » sollicité, un architecte discret mais opiniâtre de la cohésion africaine.

Un legs historique : de la genesse du PCT à la maturation institutionnelle
La trajectoire de Sassou-N’Guesso est indissociable de l’histoire politique contemporaine du continent. Membre fondateur du Parti congolais du travail (PCT) en 1969, son parcours reflète les espoirs, les tumultes et les réinventions des États postcoloniaux. D’un régime à idéologie marxiste-léniniste dans les années 1970 à l’adoption du multipartisme dans les années 1990, puis à la consolidation d’une république adaptée aux défis du XXIᵉ siècle, il a piloté, parfois de façon contestée, une transition permanente. Cette longévité au sommet de l’État lui confère une vision diachronique unique des dynamiques africaines, faisant de lui une mémoire institutionnelle vivante et un recours dans les moments de crise.

L’artisan de la paix : médiateur au-delà des frontières
Sa stature de bâtisseur de paix dépasse largement le cadre national. L’épisode fondateur de sa médiation, aboutissant aux Accords de Brazzaville de 1988 pour l’Angola et la Namibie, a marqué les esprits et établi sa crédibilité internationale. Depuis, son rôle d’intermédiaire et de facilitateur n’a cessé de croître. En 2013, ses pairs de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) le désignent unanimement comme médiateur dans la crise centrafricaine, un rôle complexe qu’il a assumé avec une persévérance reconnue. Plus récemment, son implication discrète mais réelle dans les dossifs sensibles, de la Guinée-Bissau à la Libye, témoigne de la confiance que lui accordent de nombreux acteurs sur un continent en proie à des défis sécuritaires multiples. Son approche, souvent décrite comme pragmatique et fondée sur l’écoute et la patience, contraste avec une diplomatie parfois plus véloce et médiatique.

Le porteur d’une vision écologique africaine : du symbole à l’action
Conscient de la richesse mais aussi de la vulnérabilité du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, Sassou-N’Guesso s’est progressivement érigé en défenseur d’une écologie pragmatique et solidaire. L’initiative du Fonds bleu pour le bassin du Congo, lancée en 2016, vise à créer un mécanisme de financement innovant pour la conservation des écosystèmes et le développement durable des communautés riveraines. Cette vision, qu’il porte sur toutes les tribunes internationales, des COP aux sommets des trois bassins forestiers, cherche à articuler la souveraineté des États africains sur leurs ressources avec une solidarité climatique globale. Elle positionne le Congo non pas comme un simple gardien de forêts, mais comme un protagoniste essentiel des négociations environnementales du siècle.

Le patriarche et la transmission
À plus de 80 ans, Denis Sassou-N’Guesso incarne également une certaine idée de la transmission. Souvent entouré de plus jeunes dirigeants africains qui le consultent, il joue un rôle informel de mentor. Sa longévité lui permet d’observer les nouvelles générations de leaders, leurs méthodes et leurs visions, tout en maintenant un cap fondé sur des principes qu’il estime intangibles : la souveraineté nationale, l’unité et la recherche permanente du consensus. Dans un continent où la jeunesse démographique appelle au renouvellement, sa figure interroge le rapport entre expérience et innovation en politique.

Conclusion : Une empreinte durable et paradoxale
L’héritage de Denis Sassou-N’Guesso est à la fois profond et paradoxal. Critiqué par certains pour la durée de son règne, il est salué par d’autres pour avoir garanti une stabilité rare dans une région troublée et pour son engagement panafricain indéfectible. Il est peut-être l’un des derniers dirigeants africains à tisser un lien tangible entre l’Afrique des indépendances et celle du numérique et du défi climatique. Son chapitre dans l’histoire du Congo et de l’Afrique reste ouvert, entre ombres et lumières, mais incontestablement central. Il incarne la complexité d’un continent en mouvement, où la quête de modernité doit composer avec le poids de l’histoire et l’impératif de l’unité.

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