Jeunesse à Owando et terrains de Poto-Poto
Né le 28 décembre 1949 à Fort-Rousset, aujourd’hui Owando, Gilbert « Milou » Itsa a grandi dans un foyer de fonctionnaires qui valorisait autant la discipline que l’ambition. Les terrains poussiéreux du nord du Congo ont d’abord aiguisé le pied gauche qui allait bientôt fasciner les supporters à travers le pays.
Il s’installe à Brazzaville pour ses études secondaires, s’inscrivant comme pensionnaire au Lycée Savorgnan-de-Brazza. Entre les cours, il passait les portes du terrain rudimentaire du Stade de la Grande École, où l’équipe du quartier Elite a affiné son dribble instinctif.
Les futurs ministres Pierre Oba et Henri Ossébi partageaient ce vestiaire de fortune, preuve du pouvoir improbable du football à rassembler une génération. La réputation d’Itsa a traversé le fleuve Congo, et bientôt le terrain Yougos du quartier Bacongo l’a appelé les après-midi de week-end.
Ascension avec Squadra Azzurra et CARA Brazzaville
L’ailier adolescent rejoint Squadra Azzurra, la légendaire formation de Poto-Poto qui avait autrefois produit le maréchal Dzabana « Jadot ». Les jours de match commençaient par l’escalade d’un mur de dortoir et se terminaient par les spectateurs chantant son nom après une nouvelle course dévastatrice le long de la ligne de touche.
En 1965, le Club Athlétique Renaissance Aiglon – mieux connu sous le nom de CARA – le signe, associant le jeune joueur à des noms célèbres comme Emmanuel Mayanda, Gilbert « Bolida » Makouana et Bosco « Mustang » Moukassa. Le vestiaire, riche en surnoms et en charisme, est devenu une école d’excellence pour son art.
Les observateurs se souviennent de la facilité avec laquelle il ralentissait le rythme, faisait rouler le ballon sous sa semelle, puis explosait devant les défenseurs. Un pied gauche cultivé permettait aux corners directs de se loger dans le poteau opposé, une rareté qui faisait vibrer les stades.
Exploits internationaux et matchs inoubliables
Les sélectionneurs nationaux ont pris note, accordant à Itsa ses débuts en équipe senior en 1969. La même année, le Congo a affronté le FC Santos du Brésil en tournée, dirigé par Pelé. Bien que les visiteurs aient gagné, les journaux locaux ont salué l’adolescent intrépide qui échangeait des feintes avec l’icône mondiale.
Six saisons en rouge, vert et or ont suivi, culminant par un voyage en 1975 à Kinshasa où le CARA a tourmenté le CS Imana. La presse de Brazzaville repasse encore son tir enroulé qui a stupéfié le stade du 20 Mai bondé et fait taire les chants partisans.
Études en France et brefs passages en Europe
En 1971, l’ailier fait une pause, prenant un vol Air Afrique pour Paris. Les livres de droit ont remplacé les cônes d’entraînement alors qu’il cherchait une licence puis une maîtrise en sciences juridiques à l’Université Paris VIII.
Pourtant, le football passait par les fenêtres des amphithéâtres. Il a joué pour Maisons-Alfort de 1971 à 1973, est passé à Juvisy jusqu’en 1977 et a clos le chapitre européen avec Marc-en-Barœul la saison suivante. Les vacances d’été signifiaient invariablement un retour à Brazzaville et au CARA.
Diplômes en poche, Itsa rejoint la police congolaise en 1978, qui l’affecte automatiquement à l’Inter Club, l’équipe de la force. Après seulement quelques apparitions, il prend sa retraite