Installation solennelle malgré les restrictions du Covid-19
Le 21 novembre 2021, solennité du Christ Roi, l’archevêque Bienvenu Manamika Bafouakouahou a officiellement pris son siège métropolitain à Brazzaville. Les règles sanitaires liées au Covid-19 ont limité l’affluence à 1000 personnes, laissant la moitié du stade Félix-Éboué vide mais chargé d’attente.
Le Président Denis Sassou N’Guesso, la Première Dame et de hauts fonctionnaires se sont joints aux cardinaux Dieudonné Nzapalainga et Fridolin Ambongo Besungu aux côtés de dizaines d’évêques. L’archevêque émérite Anatole Milandou a passé le relais, déclarant : « Aujourd’hui commence le temps de Mgr Manamika ; il n’y aura pas de duplication. »
Définir les priorités pastorales pour Brazzaville
S’installant dans son rôle en pleine pandémie, l’archevêque Manamika a lancé une tournée d’écoute à travers les paroisses de la capitale. Prêtres, catéchistes, conseils laïcs et groupes de jeunes ont exposé les défis, allant de la formation liturgique à la pauvreté urbaine, façonnant ainsi les priorités du nouveau pasteur.
Ce processus a culminé avec l’Assemblée des Travailleurs Apostoliques, une session extraordinaire qui a produit 96 recommandations et un répertoire diocésain concis. Les observateurs ont salué ce document pour avoir clarifié les rôles, les échéances et la responsabilité, faisant écho aux récents appels synodaux de Rome.
Un premier résultat a été la réorganisation des vicariats. Brazzaville compte désormais des zones pastorales clairement délimitées, permettant au clergé de mutualiser les véhicules, les créneaux médiatiques et le matériel catéchétique, une mesure que l’archevêque a décrite comme « mettre les ressources là où vivent réellement les fidèles. »
Construire des finances ecclésiales transparentes
Les questions financières sont rapidement apparues. Avec la chute des collectes due à la pandémie, l’archevêque Manamika a relancé le « nsinsani » traditionnel, une offrande spéciale trimestrielle. Les trésoriers paroissiaux ont reçu des registres identiques et une formation, tandis que les comptables diocésains publiaient des bilans simplifiés aux portes des églises chaque semestre.
Selon les chiffres partagés lors du conseil pastoral de juin, ces mesures ont stabilisé la paie de 723 catéchistes et enseignants. Le père Léon-Claver Ossendza a salué ce qu’il a appelé « une culture de la transparence qui respecte aussi bien le denier de la veuve que les engagements de nos entrepreneurs. »
Une plateforme pilote de mobile-money, développée avec une start-up fintech locale, achemine désormais les dons directement sur les comptes paroissiaux. Bien que limité à trois doyennés, le système suscite l’intérêt de diocèses de Pointe-Noire et du Gabon qui suivent l’expérience de Brazzaville.
Former le clergé et des laïcs à l’aise avec le numérique
La formation du clergé est restée un pilier. L’archevêque a rouvert le séminaire propédeutique Saint Jean Marie Vianney, fermé depuis 2018 pour réparations. Vingt-quatre candidats suivent désormais des cours de philosophie, d’informatique et d’éducation civique, des matières choisies « pour former des prêtres capables de dialoguer avec la société moderne », selon le recteur, le père Davy Okoua.
Pour les responsables laïcs, une école d’évangélisation numérique se réunit chaque samedi au centre Emmaüs. Les facilitateurs forment les communicateurs paroissiaux au montage de podcasts, à la vérification des faits et à un engagement respectueux sur les réseaux sociaux volatils. Cette initiative, financée en partie par une subvention de l’UNESCO pour l’éducation aux médias, encadre déjà 68 jeunes bénévoles.
Synergie avec les autorités de l’État et municipales
Les relations avec les autorités publiques sont restées coopératives. Les équipes de santé de l’archevêché ont participé à la campagne nationale de vaccination, transformant les salles paroissiales en points d’inoculation. Les responsables de l’Intérieur ont salué les protocoles de gestion des foules de l’Église pendant les liturgies de Pâques et de la Fête de l’Indépendance.
En retour, le gouvernement a accordé un allègement des droits d’importation pour deux conteneurs de matériel médical expédiés par la branche Caritas de l’archidiocèse. « Notre partenariat montre que l’État et l’Église peuvent œuvrer ensemble pour le bien commun », a noté le ministre de la Santé, Gilbert Mokoki, lors de la remise.
Plus discrètement, l’archevêque a intensifié le dialogue avec les urbanistes municipaux concernant le foncier pour de nouvelles chapelles dans les banlieues nord de la ville où la population est en plein essor. La directrice des Affaires urbaines, Thérèse Ngami, indique que les dossiers avancent « sans friction » grâce à des réunions techniques régulières.
Le Jubilé de Talangaï met en lumière l’esprit communautaire
Le cap des cinq ans a été célébré le 21 novembre 2025 à Saint Jean-Baptiste de Talangaï, une paroisse fondée en 1971 par le missionnaire spiritain, le père Jean-Marie Grivaz. Ce choix a souligné l’accent mis par l’archevêque sur les périphéries plutôt que sur la cathédrale du centre-ville.
Pendant la messe, il a béni un autel en pierre restauré et une grotte mariale dédiée à Notre-Dame de la Paix. Des chorales en lingala, téké et français ont retracé les racines multiculturelles de la paroisse tandis que des scouts diffusaient la liturgie à la diaspora à l’étranger via les réseaux sociaux.
Cette même célébration a ouvert l’année jubilaire des cinquante-cinq ans de la paroisse. Des comités planifient des séminaires sur le conseil familial, des foires entrepreneuriales et une exposition historique présentant des photographies prêtées par des anciens qui se souviennent de la première chapelle en chaume de Talangaï.
Jeunesse, climat et vision pour la prochaine décennie
Dans son homélie, l’archevêque Manamika a exhorté les fidèles à « passer de l’entretien à la mission », soulignant le chômage croissant parmi les jeunes urbains. Il a invité les chefs d’entreprise présents à parrainer des stages professionnels, une proposition ensuite approuvée par la Chambre de commerce.
L’archevêque a également désigné la résilience climatique comme un axe pastoral, évoquant les récentes inondations dans le district d’Igné. Un groupe de travail diocésain cartographiera les paroisses vulnérables à l’érosion et collaborera avec le ministère de l’Environnement pour des campagnes de reboisement et des ateliers communautaires sur la récupération de l’eau.
Pour l’avenir, la construction d’un centre pastoral dans le district de Makélékélé devrait commencer en mars 2026, financée en partie par l’agence d’aide allemande Misereor. L’installation accueillera des instituts catéchétiques, un studio média et des salles de conférence pour le dialogue œcuménique.
Cinq ans plus tard, le ton de la gouvernance de l’archevêque Manamika allie pragmatisme administratif et rayonnement visible. Le clergé attribue à son style calme une transition générationnelle apaisée, tandis que les responsables laïcs estiment que la prochaine phase testera la capacité du plan de 2022 à se traduire par une vitalité