La fièvre électorale s’empare de la Côte d’Ivoire
À Abidjan, les sound systems diffusent des rythmes coupé-décalé tandis que les supporters se balancent sous les drapeaux des partis, mais derrière cette apparence festive, le scrutin présidentiel du 23 octobre pèse lourdement sur le premier exportateur mondial de cacao, selon les analystes.
La commission électorale a confirmé cinq noms sur le bulletin de vote après avoir exclu plusieurs poids lourds, une décision toujours contestée devant les tribunaux nationaux et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.
Le président Alassane Ouattara, 83 ans, cherche un quatrième mandat en invoquant les réinitialisations constitutionnelles de 2016 et une promesse de « continuité et de stabilité » après une croissance annuelle moyenne de 6% depuis 2012.
Les opposants affirment que le mandat prolongé risque d’éroder la confiance démocratique, mais ils restent fragmentés, donnant au président sortant un statut de favori clair dans la plupart des sondages.
Ouattara met en avant son bilan de croissance
Les discours de campagne d’Ouattara mettent l’accent sur les nouvelles autoroutes, le métro d’Abidjan et un terminal GNL à venir conçu pour sécuriser l’énergie des usines transformant la moitié du cacao du pays d’ici 2028.
« Les investisseurs ont maintenu leur confiance parce que les réformes sont crédibles », a déclaré le porte-parole du gouvernement, en soulignant une obligation Euro sursouscrite en février malgré la volatilité des marchés mondiaux.
Néanmoins, la Banque mondiale estime que 39% des Ivoiriens vivent en dessous du seuil de pauvreté national, et les rassemblements de l’opposition reprennent fréquemment cette statistique sur des écrans géants.
Un récent sondage place Ouattara à 48% des intentions de vote au premier tour, Billon à 20, Simone Gbagbo à 17 et les indécis à 11, suggérant un probable second tour malgré la division de l’opposition.
Lors d’un rassemblement à Yamoussoukro, l’homme d’affaires devenu politicien Jean-Louis Billon a promis « des emplois, pas des slogans ». Son parti Code met en lumière le chômage des jeunes qui avoisine les 30% parmi les diplômés.
L’opposition conteste les exclusions
Le conseil constitutionnel a exclu l’ancien directeur de Credit Suisse Tidjane Thiam en raison des règles sur la double nationalité, un verdict que ses avocats qualifient de discriminatoire envers la diaspora qui envoie 1,4 milliard de dollars par an.
L’ancien président Laurent Gbagbo, 79 ans, reste également écarté en raison d’une condamnation de 2018 liée au braquage de la Banque centrale lors de la crise de 2010.
Les rassemblements de Simone Gbagbo mêlent chorales gospel et appels passionnés à reconstruire les écoles publiques négligées depuis que les dépenses ont été redirigées vers les infrastructures.
Charles Blé Goudé soutient désormais Simone, exhortant les électeurs à « terminer le travail commencé en 2000 ». Les analystes considèrent ses réseaux de mobilisation sur les campus universitaires comme un atout potentiel.
La plateforme de Billon propose des exonérations fiscales pour les start-up, un fonds national de capital-risque capitalisé à 300 milliards de CFA, et une suppression progressive des subventions aux carburants pour réaffecter les ressources vers la formation professionnelle.
Les craintes sécuritaires influencent l’humeur des électeurs
Les souvenirs des violences de 2010 restent vivaces. Des chiffres montrent que 1 200 militaires et gendarmes ont été redéployés à Abidjan, Bouaké et Man pour