La Journée mondiale de l’AVC met en lumière le défi du Congo
Chaque 29 octobre, la Journée mondiale de l’AVC braque une lumière sans compromis sur une urgence médicale qui coûte une vie toutes les six secondes à l’échelle mondiale. Au Congo-Brazzaville, les neurologistes avertissent que le message cette année résonne plus fort que jamais, alors que les hôpitaux enregistrent une marée montante d’admissions pour AVC.
L’AVC se classe comme le deuxième tueur de la planète et la principale cause d’invalidité à long terme chez les adultes. Il se produit lorsque le flux sanguin vers le cerveau est bloqué ou lorsqu’un vaisseau se rompt, privant les tissus d’oxygène et déclenchant des dommages potentiellement irréversibles en quelques minutes.
Les cliniciens du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville résument la pathologie sans détour : le temps, c’est du cerveau. Plus tôt un patient atteint un scanner et reçoit un traitement, meilleures sont les chances d’éviter la paralysie, la perte de la parole ou la mort.
Reconnaître rapidement les signes avant-coureurs révélateurs
Les premières sonnettes d’alarme retentissent souvent sans douleur : faiblesse soudaine d’un côté, phrases bredouillées, muscles du visage affaissés ou vision floue. Les spécialistes exhortent les citoyens à mémoriser ces indicateurs, car appeler les services d’urgence dans l’heure dite dorée peut préserver des millions de neurones.
Il est souligné qu’agir dans les trois premières heures multiplie les perspectives de rétablissement. « Un retard transforme un cerveau récupérable en tissu cicatriciel », notent des études examinées au CHU-Brazzaville qui montrent que chaque minute perdue érode environ deux millions de cellules cérébrales.
Hypertension : le déclencheur caché chez un Congolais sur trois
Si l’AVC peut frapper n’importe qui, la pression artérielle élevée non contrôlée est identifiée comme le principal facteur au Congo. On estime qu’un adulte sur trois vit avec l’hypertension, mais seulement sept pour cent atteignent les objectifs thérapeutiques qui protègent véritablement leurs artères.
Cela laisse 93 pour cent, soit inconscients de leur état, soit inconstants dans leur médication. « Équilibrer la pression artérielle sur cinq ans peut réduire le risque global d’AVC de soixante pour cent et le risque d’AVC hémorragique de quatre-vingt pour cent », rappellent des données de cohorte régionales.
Les conséquences résonnent au-delà des murs de l’hôpital. Les survivants ont souvent besoin d’une physiothérapie prolongée, d’orthophonie et de soutien. Les familles absorbent le choc financier et la productivité en souffre, faisant de la prévention non seulement une priorité personnelle mais aussi économique nationale.
Les choix de mode de vie sous examen
Les équipes médicales tracent un lien direct entre les modes de vie urbains et le stress vasculaire. L’excès de sel, les boissons sucrées, le tabac et une forte consommation d’alcool convergent avec des routines sédentaires pour faire monter la pression artérielle, tandis que les taux d’obésité croissants amplifient la charge.
Les endocrinologues mettent également en garde les femmes contre les contraceptifs oraux qui, combinés au tabagisme ou à l’hypertension, augmentent les risques de coagulation. De simples ajustements—marches quotidiennes, repas équilibrés, limitation des spiritueux—peuvent recalibrer la santé vasculaire plus efficacement et à moindre coût que n’importe quelle pilule, selon la Société de cardiologie de Brazzaville.
Le changement de comportement se produit rarement seul. Des campagnes dans les marchés, les églises et à la radio diffusent désormais des conseils pratiques en lingala et en kituba, transformant le jargon médical en routines que les ménages peuvent s’approprier.
Réponses du secteur de la santé et espoir émergent
Les autorités publiques, soutenues par des partenaires de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, améliorent les capacités de diagnostic. Deux scanners supplémentaires ont été installés cette année dans les capitales départementales, réduisant la distance que les patients ruraux doivent parcourir pour l’imagerie. Le personnel indique que les machines raccourcissent déjà les files d’attente aux heures de pointe.
Au CHU-Brazzaville, une unité d’AVC multidisciplinaire a lancé un protocole pilote pour la thrombolyse, le traitement de dissolution des caillots recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Des audits préliminaires suggèrent que les délais entre l’arrivée et l’injection sont passés de deux heures à soixante minutes depuis les sessions de formation du personnel en juillet.
Des liens de télé-neurologie entre Pointe-Noire et Brazzaville permettent désormais aux spécialistes d’examiner les scanners en temps réel, accélérant la prise de décision lorsque chaque minute compte. Le ministère de la Santé indique que la plateforme a traité quatre-vingts consultations au cours de son premier trimestre, un début modeste mais prometteur.
Au niveau international, l’Organisation mondiale de l’AVC exhorte les nations à adopter une approche centrée sur les personnes. Des groupes de la société civile congolaise répondent à cet appel, offrant un soutien par les pairs, des visites à domicile et des ateliers professionnels qui aident les survivants à retrouver autonomie et dignité.
Le financement reste un obstacle. Les soins de l’AVC, y compris les médicaments dissolvant les caillots et la réadaptation, peuvent dépasser les revenus mensuels moyens. Les discussions sur l’extension du régime national d’assurance maladie pour couvrir les urgences neurologiques aiguës gagnent du terrain parmi les législateurs.
En attendant que les réformes systémiques mûrissent, les cliniciens reviennent à leur message central : surveiller la pression artérielle, comprendre les signes avant-coureurs, agir sans hésitation. « Nous pouvons changer le récit », insiste-t-on. « Avec la sensibilisation et la prévention, l’AVC n’est pas inévitable—il est, pour beaucoup, évitable. »
La Journée mondiale de l’AVC sert donc moins de commémoration que de rappel annuel. Elle galvanise les cliniciens, les décideurs politiques et les communautés à s’aligner derrière un objectif unique : réduire les décès et les handicaps évitables en s’attaquant de front à l’hypertension à travers la République du Congo.