L’ARPCE constate une baisse alarmante de l’identification des cartes SIM
Brazzaville – L’Autorité de régulation des postes et communications électroniques du Congo annonce que l’effort d’identification des cartes SIM du pays a reculé. Seulement 9,13 % des cartes identifiées entre janvier et août ont été correctement activées, contre 13,20 % en 2024, selon son dernier rapport.
L’enquête de terrain révèle les points faibles
Les inspecteurs ont visité 18 villes à travers Bouenza, Pool, Kouilou, Cuvette et Niari, ainsi que le pôle économique Pointe-Noire et la capitale, du 23 juillet au 28 août. Ils ont audité plus de 12 500 dossiers de vente de cartes SIM et interrogé des vendeurs.
Seules Kinkala et Djambala ont respecté la règle exigeant que chaque acheteur présente une pièce d’identité officielle et signe un formulaire d’activation. À Brazzaville et Pointe-Noire, les auditeurs ont trouvé des kiosques vendant des cartes prépayées déjà activées, avec des champs de données fictifs remplis par le personnel du magasin pour fluidifier les files d’attente.
Des raccourcis similaires ont été enregistrés à Dolisie, Ouesso, Pokola, Ngo, Tchamba-Nzassi, Madingo-Kayes, Loudima, Bouansa, Loutété et Nkayi. Dans plusieurs cas, les vendeurs avaient copié le même numéro de carte d’identité nationale sur des dizaines de formulaires, une infraction qui compromet la traçabilité dans un marché de plus de six millions de cartes SIM actives.
Enjeux de sécurité pour les villes et l’arrière-pays
L’ARPCE désigne Brazzaville et Pointe-Noire comme les centres nerveux numériques du pays et donc des cibles privilégiées pour les systèmes de cyberfraude qui reposent sur des numéros anonymes. Les réseaux de phishing, les escroqueries par mobile money et les tentatives d’extorsion commencent de plus en plus par des appels intraçables, avertit le régulateur.
Depuis juin, 412 numéros suspects ont été gelés. « Les enquêtes s’arrêtent au moment où nous découvrons que la carte SIM a été enregistrée sous une identité inexistante », a déclaré un responsable, qualifiant l’enregistrement approprié de « notre première ligne de défense ».
Les opérateurs face à un délai serré de deux mois
Lors d’une réunion, le directeur général de l’ARPCE a donné aux quatre opérateurs mobiles agréés – Airtel Congo, MTN Congo, Congo Telecom et Azur – deux mois pour aligner les canaux de vente sur le décret ou faire face à des sanctions graduées, allant des amendes aux suspensions de licence.
« L’objectif de conformité est ambitieux mais réalisable », a-t-il affirmé. Il a cité les précédentes campagnes de 2017 et 2021 qui, selon les statistiques de l’ARPCE, ont porté les taux d’enregistrement précis au-dessus de 60 % avant qu’ils ne baissent à nouveau après l’assouplissement de l’application. « Cette fois, nous maintiendrons la surveillance », a-t-il insisté.
Implications économiques et sociales
Les analystes des télécommunications notent que le marché mobile du Congo-Brazzaville génère environ 3 % du PIB et emploie des milliers de personnes dans le commerce informel. Des contrôles plus stricts, disent-ils, ne doivent pas freiner la croissance. « Nous avons besoin de solutions d’identité rapides et abordables », a observé un expert.
Une option à l’étude est l’intégration des cartes d’électeur biométriques récemment déployées par le ministère de l’Intérieur dans le processus d’activation. « La liaison des bases de données peut réduire la fraude sans ajouter de paperasse