Il y a plus d’un quart de siècle, les Européens ont réussi leur plus grand saut de souveraineté ; , y compris politiquement, avec le soutien – record – de 83 % des habitants de l’Union européenne (UE), . Pour autant, notre souveraineté monétaire se trouve aujourd’hui face à trois ruptures majeures : technologique, économique et politique.
La rupture technologique est liée au développement de la tokénisation, c’est-à-dire la capacité à échanger, par des registres distribués tels que la blockchain, des actifs financiers, des informations ou des contrats juridiques. Cette innovation a d’abord été liée au . Aujourd’hui, la promesse des stablecoins est de se maintenir à parité avec une monnaie officielle grâce à un adossement à des actifs liquides dans la monnaie de référence. A ce jour, les stablecoins sont libellés en dollars des Etats-Unis pour 99 % et émis par des acteurs non européens.
La rupture économique, ou idéologique, réside dans la privatisation possible de la monnaie. Les plus grands émetteurs de stablecoins – Circle et Tether – sont des entités privées non bancaires, qui échappent aux mécanismes traditionnels de régulation. Ce modèle remet en cause le système monétaire à deux niveaux – banque centrale et banques commerciales – qui assure aujourd’hui l’unicité, la stabilité et, in fine, la confiance dans la monnaie.
Une opportunité pour l’Europe
Enfin, la rupture politique tient à la stratégie de l’administration Trump, incarnée dans un de ses premiers décrets : interdiction des travaux sur le développement d’une monnaie numérique de banque centrale, promotion des stablecoins en dollars et volonté affichée de faire des Etats-Unis le leader mondial de la finance tokenisée. L’objectif déclaré est de renforcer l’emprise internationale du dollar et, indirectement, de faciliter le financement du déficit budgétaire américain. Le risque est celui d’une « dollarisation numérique » qui marginaliserait l’euro dans les usages internationaux.