
Nkumbu ya fundurila ntsimu : Le nom génère la mémoire
- « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c’est nier notre humanité. »
- « Nommer les choses, c’est leur enlever leur danger. »
Une fois l’objet de notre recherche exposé, il a fallu une maïeutique pour que les informateurs accouchent d’un discours limpide sur l’historique de la fleur tchidéka.
La société Kongo-lari
Rendons à l’imaginaire social Kongo ce qui lui appartient. L’utilisation de la fleur tchidéka est une marque déposée matsouaniste. « Kiaku kiaku kia ngana kia ngana », (la propriété exclusive de chacun est inviolable). Des kongo, on peut succinctement dire qu’il s’agit d’un vaste ensemble installé en Angola, en RDC, au Congo-Brazzaville, au Cabinda et au Gabon. On les dit « Bala ba Ngo »( ceux qui ont pour totem la panthère). Venus du royaume Kongo, l’anthropologie classe les Kongo dans un ensemble qui regroupe : Kongo stricto sensu, Lari, Sundi, Manianga, Bembé, Dondo, Kugni, Kamba, Vili…
Royaume Kongo
Le Bas-Kongo, terre de naissance de Matsoua, est un morceau de l’ancien Royaume de Kongo qui a vu également naitre le kimbanguisme, du nom de son fondateur Simon Kimbangu, à Nkamba.
Les matsouanistes sont à 90% kongo-lari et viennent de la région du Pool dans laquelle est enclavée « M’Foa » ancien village Batéké devenu la ville de Brazzaville à l’issue de la rencontre entre Makoko et De Brazza en 1880. Malheureusement cette rencontre a eu des velléités « aliénantes » comme en témoigne la structuration de la commune de Bacongo, à travers l’imposition des noms de rues à connotation française. L’exemple pathétique de l’avenue dite Case De Gaulle dénommée avenue De Brazza donne une idée de cette aliénation culturelle. Pour la petite histoire, en 1941, De Gaulle, (L’Homme de Londres) qui séjourne souvent à Brazzaville se fait construire une case de passage dans cette bourgade africaine. Le travail est confié à un disciple de Le Corbusier :
- « Roger Lelièvre, allias Erell, jeune architecte fraîchement débarqué de Londres, se voit confier le projet d’une « case pour les hôtes de passage ».
Mieux : toutes les rues transversales à l’avenue de Brazza portèrent les noms des rues parisiennes, comme Jean Bart, Surcouf (où habitait Pierre Kinzonzi), Aragon, Bertelot, Voltaire, Condorcet (où habitait Félix Tchicaya) Joly (où habitait Victor Ouamba) . Les matsouanistes de renom ( Nzoungou, Tsakaka) ont vécu dans ce « quartier français » où va se revivifier la flamme de la résistance anticoloniale radicale.
Derrière l’imposition de ces références se cachait l’envie