Appel renouvelé de l’UNICEF à Brazzaville
Dans une salle comble à Brazzaville le 27 novembre, le représentant adjoint de l’UNICEF a rassemblé des décideurs politiques, des donateurs et des leaders de la jeunesse et a invité le gouvernement à mettre en place un cadre institutionnel durable qui place les droits de l’enfant au centre du consensus national.
L’atelier a officiellement lancé le Mécanisme de Coordination Inter-Sectorielle pour la Convention relative aux Droits de l’Enfant, conçu pour transformer les recommandations émises lors de la visite du comité de l’ONU en décembre 2024 en actions mesurables.
Le représentant a remercié les ministères, la société civile et les banques de développement, soulignant que leur présence démontre « la volonté de placer les enfants au cœur de l’agenda de développement social et humain du Congo », aligné sur le Plan National de Développement 2022-2026.
Les estimations de l’UNICEF montrent que la mortalité des moins de cinq ans a chuté de 45 pour cent depuis 2000, mais un enfant rural sur trois manque encore de services de base et 27 pour cent souffrent de retard de croissance, ce qui indique un travail inachevé.
Pourquoi la coordination entre les secteurs est importante
Le mécanisme proposé unira les ministères des Affaires Sociales, de l’Éducation, de la Santé, des Finances et de la Planification avec les autorités locales et les conseils de la jeunesse autour d’un tableau de bord commun suivant des indicateurs axés sur l’enfant.
Des mandats fragmentés ont ralenti les plans d’action passés ; en 2022, l’exécution du budget de la protection de l’enfance n’a atteint que 68 pour cent, laissant les centres communautaires en manque de fournitures.
Une coordination plus forte devrait limiter les chevauchements, accélérer le partage des données et standardiser les indicateurs sensibles aux enfants avant l’examen national 2025 des politiques sociales.
« Les observations du comité n’étaient pas un réprimande mais une opportunité », a noté le représentant, ajoutant qu’une plateforme structurée peut « consolider et accélérer nos progrès collectifs pour chaque enfant congolais. »
Visibilité budgétaire et détermination gouvernementale
Le débat s’est rapidement tourné vers l’argent. Les secteurs sociaux absorbent environ 16 pour cent des dépenses totales, en baisse par rapport à 18 pour cent en 2018 et toujours en dessous du repère de 20 pour cent de l’UNICEF pour les économies émergentes.
Le représentant a proposé d’intégrer un marquage des droits de l’enfant dans le budget annuel, rendant les crédits visibles et traçables depuis le trésor central jusqu’aux services de district et aux écoles.
Le Directeur Général des Partenariats pour le Développement a reconnu des goulots d’étranglement de trésorerie lors d’un entretien mais a affirmé la détermination du gouvernement à « fournir des solutions durables aux vulnérabilités des enfants ».
Il a cité les réformes en cours, y compris un cadre de dépenses à moyen terme et une plateforme de trésorerie numérique, toutes deux destinées à raccourcir les délais de paiement et à renforcer la traçabilité des audits.
Perspectives de la société civile et des experts
La société civile a accueilli favorablement l’initiative mais a demandé des calendriers clairs. « Nous avons besoin d’un calendrier, pas d’une autre déclaration », a déclaré une représentante du Réseau pour la Protection de l’Enfant après la plénière.
Les délégués de la jeunesse de moins de 18 ans ont raconté les salles de classe surpeuplées dans la Cuvette et la couverture vaccinale limitée le long de la rivière Likouala, demandant des sièges formels dans les comités de suivi pour garantir que leurs voix restent audibles.
Les experts avertissent que les chocs climatiques, notamment les inondations récurrentes dans le nord déplaçant environ 90 000 habitants, amplifient la vulnérabilité des enfants, rendant la collaboration inter-sectorielle vitale pour des services réactifs aux catastrophes.
Les partenaires internationaux, y compris la Banque Mondiale et l’Agence Française de Développement, ont signalé leur volonté d’aligner l’assistance technique sur le nouveau mécanisme tout en soulignant le leadership et la redevabilité locaux.
Prochaines étapes vers un budget centré sur l’enfant
Des sources au Cabinet du Premier Ministre indiquent qu’un décret formalisera bientôt le comité de pilotage, détaillant les rôles, les canaux de financement et les obligations de reporting qui ancrent le mécanisme dans la loi nationale.
Les projets de mandat prévoient des tableaux de bord trimestriels, des rapports publics annuels et une ligne d’assistance permettant aux enfants de signaler directement les violations de leurs droits à des points focaux provinciaux pour une réponse rapide.
Les observateurs notent qu’un suivi efficace dépend de données robustes. L’Institut National de la Statistique modernise son module enfant pour le recensement de 2024, utilisant une énumération sur tablette financée en partie par la Banque Africaine de Développement.
Si l’élan se maintient, le Congo pourrait présenter un rapport de progrès consolidé avant l’Année de l’Éducation de l’Union Africaine en 2025, montrant comment la budgétisation centrée sur l’enfant soutient l’ambition plus large d’une prospérité inclusive.