Pointe-Noire accueille le sommet stratégique de l’AGPAOC
Un sentiment d’urgence inhabituel a rempli les salles de conférence de Pointe-Noire alors que les directeurs généraux de vingt-deux ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre concluaient la vingtième table ronde des directeurs de l’AGPAOC, soulignant que seule une coordination plus approfondie peut protéger les domaines portuaires et fournir les infrastructures résilientes que le commerce régional exige de plus en plus pour la croissance aujourd’hui.
Le rassemblement, organisé parallèlement au quarante-cinquième conseil annuel de l’association du quatre au sept novembre, a offert deux jours de débats intenses, d’examen par les pairs et d’études de cas s’appuyant sur les expériences de Pointe-Noire à Lagos, avec un fil conducteur unique : remodeler les cadres juridiques et les zones logistiques pour garder la valeur en Afrique elle-même.
Appels à moderniser les régimes juridiques et fiscaux
Les délégués ont convenu que la révision des accords de concession, des codes fiscaux et des normes environnementales pourrait libérer les terres, les capitaux et la technologie essentiels pour des quais modernes capables d’accueillir des navires de quatre cents mètres tout en respectant des règles internationales d’émissions plus strictes et les écosystèmes côtiers fragiles bordant le golfe de Guinée et la frange atlantique.
La diversité des modèles présentés « permet à chaque autorité de s’interroger et d’élaborer de nouvelles stratégies pour une meilleure protection et valorisation de notre patrimoine commun », un message accueilli par des applaudissements soutenus par les dirigeants portuaires présents.
Défis de la gestion foncière et de l’expansion
Une grande partie des discussions a porté sur les terres, une ressource finie que de nombreux ports perdent au profit de villes en plein essor ; les représentants gabonais ont révélé qu’ils avaient déjà perdu les deux tiers de leur domaine, tandis que Douala, au Cameroun, a récupéré soixante-quinze hectares par dragage, rappelant aux pairs les enjeux élevés de la défense du patrimoine maritime.
Le plan directeur de Pointe-Noire, mis à jour en 2015, illustre l’ambition : extension du terminal à conteneurs de 750 mètres de quai, approfondi à 17 mètres, afin que la soi-disant porte océane de l’Afrique centrale puisse servir les navires qui la contournaient autrefois pour des hubs plus profonds le long du corridor maritime ouest-africain.
Financement innovant pour les infrastructures vertes
Financer de tels travaux d’ingénierie, ont concédé les participants, exige de la créativité au-delà des redevances portuaires traditionnelles ; les baux immobiliers, les partenariats énergétiques et les obligations vertes ont été évoqués comme des moyens de générer des revenus tout en construisant des brise-lames, en numérisant les douanes et en intégrant le ferroviaire de l’arrière-pays pour réduire les délais de rotation des exportateurs de bois, de manganèse et de carburants raffinés du Congo.
Plusieurs intervenants ont insisté sur le fait que les corridors logistiques doivent être conçus à l’échelle régionale, faisant écho à l’agenda de la Zone de libre-échange continentale africaine ; des champs pétrolifères de Cabinda aux bassins cotonniers du Sahel, les importateurs et les expéditeurs s’attendent à un dédouanement sans heurts, ce qui signifie des frais harmonisés, des plateformes de données partagées et une reconnaissance mutuelle des certificats.
Les experts ont consacré une session complète aux garanties environnementales, soutenant que la protection des mangroves, le traitement des eaux usées et les brise-lames résilients au climat devraient être intégrés dans les clauses de concession, transformant ainsi la durabilité en une proposition commerciale plutôt qu’en un coût externe que les investisseurs négocient après la signature des contrats pour les communautés portuaires et les bailleurs de fonds.
Gouvernance renforcée et enjeux géopolitiques
Les juristes présents ont recommandé que les États membres codifient des zones tampons minimales autour des quais, limitent les logements spéculatifs près des dépôts de carburant et rationalisent les tribunaux traitant les litiges maritimes, des mesures qui, selon eux, rassureraient les compagnies maritimes cherchant une visibilité à long terme avant d’attribuer des rotations hebdomadaires à une escale africaine dans leurs programmes de réseau mondial.
Bien que les conversations aient été techniques, le sous-texte était géopolitique ; celui qui aligne les ports de Dakar à Luanda assure une influence sur les chaînes d’approvisionnement alimentant 400 millions de consommateurs, a déclaré un diplomate d’Afrique centrale, notant que des ports efficaces façonnent de plus en plus le récit de la souveraineté et de l’émergence industrielle sur le continent en ce moment.
Les autorités congolaises ont mis en avant le maintien par le gouvernement de cadres réglementaires stables, soutenant que la prévisibilité reste un atout concurrentiel sous-estimé ; les investisseurs, ont-ils dit, préfèrent des règles concises à des incitations généreuses qui pourraient changer avec les cycles électoraux, une position qui a suscité des signes d’approbation de la part des délégués des chambres de commerce assis au dernier rang lundi.
Feuille de route et engagements pour le prochain conseil
Pour l’avenir, le secrétariat de l’AGPAOC a promis de diffuser une matrice suivissant les progrès en matière de sécurité foncière, de volumes de dragage et de numérisation des douanes dans tous les ports membres, un instrument destiné à faire passer les discussions de la rhétorique à l’action mesurable avant que le prochain conseil ne se réunisse à Banjul l’année prochaine pour l’examen des parties prenantes ouest-africaines.
Les vétérans de l’industrie ont toutefois mis en garde contre le fait que l’harmonisation ne doit pas effacer les connaissances locales ; le sable volcanique trouvé à São Tomé, par exemple, nécessite des revêtements de quai spéciaux, tandis que la houle longue au large de Pointe-Noire impose un équipement d’amarrage différent, des facteurs que tout modèle continental doit respecter pour éviter des rénovations coûteuses après les périodes de remise des projets.
En fin d’après-midi, les délégués ont signé un communiqué non contraignant approuvant le principe d’un plaidoyer conjoint sur la réforme des douanes, les infrastructures vertes et la préservation du patrimoine, signalant une volonté politique que les observateurs estiment pouvoir se traduire par un pouvoir de négociation collective lors des négociations avec les opérateurs de terminaux mondiaux ou les prêteurs multilatéraux dans les cycles à venir.
Alors que la côte de Pointe-Noire s’estompaient dans le crépuscule, la plupart des participants ont embarqué dans des avions avec la conviction renforcée que la prospérité des voies commerciales africaines repose sur des ports parlant d’une seule voix, mettant en commun leurs ressources et défendant leurs terres, une tâche qu’ils qualifient désormais de mandat continental partagé pour un développement maritime durable.