L’élan d’Octobre Rose balaie Brazzaville
L’air matinal de Brazzaville portait une effervescence inhabituelle le week-end dernier alors que des joggeurs, des infirmières et des employés de bureau lacèrent leurs chaussures de sport pour la campagne Octobre Rose de l’Association Lion d’Or. Dirigée par l’ancien parlementaire José Cyr Ebina, l’organisation à but non lucratif a combiné une conférence médicale et une course de dix kilomètres pour sensibiliser au cancer du sein et du col de l’utérus.
Selon les chiffres du GLOBOCAN cités par l’Organisation mondiale de la santé, le Congo enregistre environ 1 300 nouveaux cas de cancer du sein et 560 décès liés chaque année, faisant de cette maladie la tumeur maligne la plus fréquente chez les femmes du pays. Les médecins reconnaissent localement que le diagnostic tardif, les barrières financières et les mythes persistants entravent encore les traitements précoces.
Les experts médicaux décryptent les faits sur le cancer
La campagne a débuté par une conférence à l’Hôtel Saphir, où le Dr Mayama N’Sika de la Clinique Icare a calmement rappelé à un public majoritairement féminin que « le cancer n’est pas une fatalité ; c’est un avertissement. » Ses collègues Bénie Ignoumba et Princesse Okiell-Issongo ont cité le tabac, l’alcool, une mauvaise alimentation et l’inactivité comme des menaces modifiables.
Le dépistage a pris une place centrale. Les médecins ont répété que l’auto-examen mensuel, incluant l’aisselle et le sein, reste la première ligne de défense, tandis que la mammographie tous les deux ans à partir de quarante ans peut détecter des tumeurs trop petites pour être palpées. La détection précoce permet d’atteindre des taux de survie supérieurs à 90 pour cent, ont-ils déclaré.
La table ronde s’est ensuite tournée vers le cancer du col de l’utérus, dominé par le papillomavirus humain. L’inspection visuelle régulière ou le frottis, associés à la vaccination des filles de neuf à quatorze ans, pourraient virtuellement éliminer la maladie en une génération, a soutenu la modératrice Sabrina Kapinga, citant les programmes pilotes de l’OMS pour l’adoption nationale.
Une course de dix kilomètres colore les rues en rose
La course du dimanche a transformé la théorie en mouvement. Soixante participants ont parcouru les boulevards riverains, certains trottinant, d’autres marchant rapidement au rythme des percussions. Parmi eux courait une personne malvoyante guidée par le coude d’une amie, un tableau d’inclusion qui a valu des applaudissements généreux des spectateurs alignés sur l’Avenue Foch toute la matinée.
« L’activité physique réduit le risque de cancer du sein jusqu’à vingt pour cent, » a rappelé le Dr Ignoumba aux journalistes à l’arrivée, citant des données du Lancet Oncology. « Dix kilomètres sont symboliques ; ce qui compte, c’est la régularité. » Des bénévoles ont distribué des papayes, de l’eau et des dépliants indiquant les horaires des centres de dépistage locaux dans plusieurs districts.
Inclusion, partenariats et retombées économiques
Entouré de ballons roses, José Cyr Ebina a qualifié la participation de « révolution silencieuse de bonne volonté. » Il a dévoilé des plans pour un centre de mammographie dédié dans le district de Talangaï, financé par des sponsors privés et une collecte de fonds visant les entreprises congolaises actives dans la logistique sanitaire et les services numériques.
Le Ministère de la Santé a envoyé des observateurs et a salué l’initiative, notant que les actions communautaires complètent le Plan national des maladies non transmissibles adopté en 2022. Un porte-parole